Interview de Christine Davenier
1/ Art de l’enfance, enfance de l’art.
Quelle place le dessin a-t-il occupé dans votre enfance ? Comment s’est nourri votre imaginaire ? Comment cela se traduit-il dans l’adulte que vous êtes devenu ?
Petite je dessinais tout le temps. Lorsque je m’embêtais, lorsqu’il pleuvait, lorsque mes sœurs étaient ok pour que l’on s’installe toutes les trois sur la table du salon avec les feutres et les crayons de couleur…
Mon enfance a été très heureuse dans une famille unie qui multipliait les occasions de se retrouver entre cousins et cousines avec les oncles et les tantes autour d’une grand mère rêvée qui aimait, les fleurs, les oiseaux, la musique , la peinture et le dessin.
Quel lien gardez-vous avec l’enfant que vous étiez ?
Je crois me souvenir très bien de mon enfance où nous explorions la nature dans ce jardin de Touraine avec une grande liberté et j’y puise toute mon inspiration en prenant bien garde de ne pas lâcher la main de la petite fille que j’étais.
Vous animez régulièrement des ateliers sur la création de livres pour enfants. Pourquoi est-ce important pour vous ?
Lorsque j’anime des ateliers et lorsque je présente mes albums aux enfants cela m’apprend énormément sur mon travail d’illustratrice. En essayant de répondre aux questions qui me sont alors posées il m’arrive régulièrement de découvrir le sens de mes images ou de comprendre pourquoi j’ai choisi d’écrire sur tel ou tel sujet. Et puis aussi cela me rassure car dans des périodes de doute, l’enthousiasme des enfants me redonne l’énergie nécessaire pour continuer à croire à ce que je fais.
Que diriez-vous aux enfants qui envoient leurs œuvres sur le Muz.
Tout comme Louna qui laisse parler son imaginaire dans la toile de Jouy, je dirais aux enfants de choisir une tapisserie qui les inspire en cherchant sur internet, de l’imprimer et puis de s’imaginer rentrer dedans et d’y dessiner leur univers avec un simple stylo Bic rouge. Moi j’ai choisi la toile de Jouy comme celle qui recouvrait les murs de la chambre bleue chez ma grand-mère, mais les enfants peuvent choisir n’importe quel motif de papier peint.
2/ Sur le travail d’illustratrice
Vous êtes parfois illustrateur de vos propres textes et parfois vous illustrez des textes d’autres auteurs. Y a t‐il une différence entre ces deux approches ?
Je ne pense pas qu’il y ait une différence d’approche dans l’illustration d’un texte que j’ai écrit ou un texte écrit par quelqu’un d’autre. Je me sers du texte comme d’un cadre à l’intérieur duquel je vais essayer de trouver ma liberté de mouvement et dans lequel je vais essayer de poser mes marques et placer mes repères, mes références. J’ai besoin de prendre une distance avec le texte et m’en échapper pour imaginer les images… C’est peut être à force de travailler sur des textes américains car je suis loin de maitriser la langue…
Comment abordez vous le travail avec un(e) auteur(e) ?
Lorsque j’ai la chance de travailler directement avec l’auteure, ce qui a été le cas avec Magdalena, c’est forcément un plus. C’est un échange continu. Un aller retour tout le long de l’élaboration du projet. J’avais cette idée de petite fille qui pénètre dans la toile de Jouy depuis très longtemps en tête. Les murs de la chambre bleue de ma grand mère, où nous dormions entre cousins et cousines lors des fêtes où la famille venue des quatre coins de France se réunissait, étaient tapissés de cette toile de Jouy. Mais je n’arrivais pas à donner forme à cette idée. Lorsque j’ai rencontré Magdalena, j’ai aimé sa gaité, sa maladresse, sa drôlerie. J’avais très envie que l’on travaille ensemble et lorsqu’elle m’a proposé d’essayer de donner forme à cette idée, j’étais ravie et immédiatement confiante. Louna c’est moi lorsque j’avais six ans et les mots de Magdalena racontent avec une grande sensibilité tout ce que j’imaginais.
Vous êtes connue aux Etats-Unis et vous illustrez de nombreux textes d’auteurs américains : y-a t’il une façon différente de travailler aux Etats-Unis ?
Lorsque je travaille pour les Etats-Unis il n’y a pas beaucoup de différences si ce n’est que les livres sont souvent terminés bien en avant dès leur parution et toutes les images doivent avoir été crayonnées pour être validées par l’auteur et par l’éditeur avant de commencer la mise en couleur.
Vous avez été enseignante : est ce que cette expérience vous est utile dans votre travail d’illustratrice ?
Mon expérience d’enseignante m’aide dans mes interventions auprès des enfants mais pas spécialement dans mon travail d’illustratrice.
Comment était le papier peint de votre chambre d’enfant ?
Le seul papier peint dont je me souviens dans ma propre chambre d’adolescente dans les années 1970 représentait de grosses fleurs bleues assez géométriques.
Léon et Albertine de Christine Davenier,
dans Kaléidoscope d’histoires, Éditions Kaléidoscope, 25€