Atelier

Claude Ponti présente: les maisons à cuire

Institution: Abbaye de Fontevraud

Texte de présentation

Quand l’abbaye de Fontevraud me propose un projet d’exposition des originaux des maisons, cabanes et autres habitations dans mes livres pour enfants, je pense tout de suite àArmelle Benoîtqui m’a parlé de grandes maisons en terre et pailles, construites par les enfants et cuites sur place, devant eux. Je ne saurai dire pourquoi sinon que c’était une sorte d’évidence. Comme l’idée de demander à François Bonde prendre en main, en voix et en images l’affaire pour qu’elle soit accessible sur Internet, sur le site de l’abbaye et sur le site du Muz, évidement. L’enthousiasme et la capacité de bien mettre en oeuvre de l’équipe de l’abbaye fait le reste.

Le projet est simple. Travailler avec des enfants et de l’argile l’idée d’habitat, maison, caverne, cabane, nid, abri, etc. Cuire. en fours archaïques devant eux, ou en four éléctrique chez Armelle. Peindre ou émailler. Recuire si nécessaire et mettre en place un village, une agglomération dans un coin réservé du parc de l’abbaye.

« Et ainsi créer une petite cité faite de maisons, bien différentes les unes des autres, car chacun a son idée et sa manière de vivre. » François Bon

Chaque mercredi jusqu’au mois de Juin , les enfants de 3 à 18 ans vont créer des habitats en terre qui seront cuits de façon artisanale et installés en juin dans les jardin de l’Abbaye de Fontevraud pour tout l’été .

Une exposition a lieu du 31 Mars au 11 Novembre à l’abbaye de Fontevraud

Elle est composée de  :

  • D’oeuvres d’Armelle Benoit – éléphants Zephirotes inspirés de l’oeuvres de Claude Ponti et des « meubles inutiles » seront accrochés  ou installés dans l’espace d’exposition de l’abbaye.
  • D’ illustrations originales et de créations en terre de Claude Ponti ainsi que des prototypes de meubles pour enfants créés par Claude Ponti interprétés en céramique par Armelle Benoit.
  • Des oeuvres des enfants :
  • Et puis si on regarde bien il y a quelques zéphirotes qui se sont installées par-ci par-là 


Etapes

1 Mercredi X février 2012 : première rencontre de François Bon avec les enfants

Première journée, première étape.

Trois groupes de sept enfants
Un groupe le matin, deux l’après midi

François Bon est seul avec les enfants. C’est un concours de circonstances, j’ai la grippe et Armelle ne vient pas car c’est un jour sans terre.

Comme souvent le hasard fait bien les choses. François, lit des extraits de « Questions d’importance » aux enfants. Et cela déclenche des avalanches de questions, de réflexions directes, qui vont souvent influencer et même orienter le travail de la terre, et les créations d’habitats qui seront de plus en plus vraies et personnelles. François a tout de suite établi un rapport de confiance et de liberté créative avec les enfants. Matériaux et matériels sont à leur disposition (certains n’ont pas plus de trois ans) y compris caméra, tablette numérique etc.

« Questions d’importance  » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505476/questions-d-importance éditions Publie. net )
Extraits du blog de l’abbaye de Fontevraud, entremélées par François Bon, les questions du livre et celles des enfants. Impressionnant de densité et de profondeur. Les enfants posent les « pourquoi » sans aucun détour.

Extraits : questions d’importance, Claude ponti et les enfants

Comment s’appelait le premier être humain entré dans la grotte de Lascaux ?
Plus généralement comment s’est appelé le premier être humain ?
S’est-il appelé ou l’a-t-on appelé ?
Si on l’a appelé, a-t-il répondu ?
S’il s’est appelé, s’est-il répondu ?
Qui a été la première mère humaine ?
Comment s’est appelé son premier bébé ?
Était-il une fille ou un garçon ?
Existait-il des filles et des garçons ?

Claude Ponti,

entre la droite et la gauche
entre les noirs et les blancs
entre le nord et le sud
entre les gars et les filles
entre la nouveauté et la vieillesse
entre les ténèbres et la lumière
entre un groupe et être tout seul
…pourquoi ça existe la différence ?

Sacha

Comment s’est appelée la première famille ?
Comment s’est appelée la première tribu ?
Combien étaient-ils ?
Y en avait-il d’autres ?
Quel fut le premier cri de ralliement de la première horde ?
Sur quel écran la première scène primitive ?
Dans quelle caverne le premier mythe de la caverne ?
Quand s’est posée pour la première fois la question primordiale de l’œuf et de la poule?

C. P.

Pourquoi ça existe le mot existe ?

Pourquoi les murs ont-ils des formes ?

Pourquoi les lampes s’allument ?

Pourquoi on grandit ?

Dylan

La grotte est-elle seulement la satisfaction d’échapper au froid, à la pluie et aux bêtes naturellement féroces ?
Ou les deux ?
Cette grotte,
Quel en était le type de confort ?
Selon quelles normes ?
À propos de normes, quelles en étaient les normes de sécurité ?
Y étaient-elles respectées ?
De quel bois de quel arbre le premier feu de la première grotte habitée ?
De quelles feuilles de quelles branches la première litière ?
D’herbes ? De chaume ? De fougères ? De jonquilles ? de pétales de roses ?
Qui a inventé les roses ?

C.P.

Pourquoi marche-t-on ?

Pourquoi avant de naître on est des singes ?

Pourquoi le vent existe ?

Pourquoi la lune apparaît le soir ?

Pourquoi on parle ?

Que veut dire pourquoi ?

Wilfried

À quelle heure la première heure ?
Combien de temps durait-elle ?
Combien de temps durera notre dernière heure ?
Quand la première vingt-cinquième a-t-elle eu lieu ?
Quelle est l’heure tranquille où les lions s’en vont boire ?
Comment s’est appelé le premier animal domestique ?
Comment s’est appelé le premier animal familier ?
Comment s’est appelé le premier animal totémique ?
Comment s’appelait la première personne dont on a tiré de la musique en taillant une flûte dans son tibia ?
Comment s’appelait la personne dont le crâne a servi à la première représentation d’Hamlet ?
Comment s’appelait la première personne dont le crâne a servi de coupe à boire ?
Comment s’appelait la première personne dont on a mangé la cervelle ?
Comment s’appelait la première personne dont on a mangé le cerveau ?

C. P.

Pourquoi le vent est invisible ?

Pourquoi les filles existent?

Pourquoi les portent ne s’ouvrent pas automatique ?

Pourquoi le vent est invisible ?
Pourquoi la lune est blanche ?
Pourquoi le soleil est jaune ?
Pourquoi nous n’avons pas les yeux de la même couleur ?
Pourquoi l’école existe ?
Pourquoi les guerres sont sanglantes ?
Pourquoi l’hiver est froid ?
Pourquoi les cauchemars sont terribles ?
Pourquoi les filles et les garçons ne sont pas pareils ?
Pourquoi les accidents existent ?
Pourquoi la mort ?

Jordan

fb

 

2 Mercredi 7 Mars

C’est notre premier mercredi avec de la terre.

On fait connaissance, eux, nous, la terre. Eux, la terre, nous.

L’argile s’appelle la terre. comme la planète, comme le sol. La terre nourricière, la terre de la vie, la terre des tombes. Maisons, vaisselle, vases, urnes, pots, à eau, à cuire, amphores, greniers, jouets. Il n’y a pas à dire, tout est dit sans qu’on le dise. C’est la magie de la terre. En vingt minutes la terre est en main. « Cela sort des doigts comme l’écriture » dira François.

Premier contact. on frappe; on plaque, on bat, on malaxe, on ameublit la terre, on l’assouplit, on lui enlève ses bulles d’air, on lui rend sa plasticité secrète. Maléable elle prend les formes des désirs, des rêves, des craintes. Certains prolongent le frappage jusqu’à faire sursauter les tables. D’autres le galettage. Avec Cynthia une petite fille qui se cantonne à la productions des galettes piquetées, Armelle montre qu’en en posant deux verticalement, et en angle droit, on obtient des murs… Ce sera la première maison en gâteau. Maison de chenilles qui feront des papillons et des bébé papillons Les enfant observent, copient et détournent. La verticalité est générale.

Dylan et les passages secrets

dylan
« Ce serait un tunnel

parce que ce serait en-dessous du goudron.

Le toit serait en goudron.

Il y aurait un toboggan pour tomber.

J’appuierais sur un bouton et il y aurait un ascenseur qui va me descendre de la maison

et je pourrais aller où je voudrais.

C’est comme dans les chars pour voir où on vise

pour voir qui est devant

des passages secrets

et dans les passages secrets il y a d’autres passages secrets

pour prendre mon bain

et pour ma chambre

et pour manger un magasin au-dessus.

Il y aurait un tunnel où je prendrais gratuitement.

Ce serait un tunnel qui aspire

pour voler le manger et redonner les billets et l’argent.

Comme ça je peux manger.

Il y aurait mes parents, mon petit frère ryan, et toute ma famille

comme ça j’ai pas de vol.

Comme ça on n’est pas obligé de guetter.

Des mains de robot pour changer les couches d’Eliott mon petit frère à la place de ma maman

des jeux des gadgets et puis des pistolets.

Alors je vais sur le toit, s’il y a quelqu’un il se prend un balle et il voltige

parce que c’était un voleur ou une voleuse.

Elle est géante

elle va partout en dessous la terre

il y a des sous-marins

elle fait tout le tour de la planète

il y a un truc qui vient me chercher et qui m’emmène. »

Cynthia

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3 Mercredi 14 Mars

Deuxième mercredi deuxième séance avec la terre.

Les enfants ont compris entre les mercredis que ça allait durer. Qu’on pouvait revenir et continuer. Continuer, question primordiale et récurente de l’enfance, combien de choses n’ont pas continué, faute de compréhension, de temps, de valeur accordée?

D’où notre première erreur.

A la fin de la séance précédente, comme à la fin de chaque séance, lorsque les enfants sont partis, Armelle, et moi rangeons. Récupération de toute la terre non utilisée, remisée en sachet de plastique pour rester humide. Nettoyage des outils. Raclages des planches et des tables et surtout mise à l’abri du travail des enfants. L’un d’eux, Kenzo, a produit des brisures de terre, comme des scories de mâche fer, entassées. Je lui ai fait un petit bonhomme sommaire et mis debout au coin de sa planche. Puis je lui ai dressé quelques unes de ses brisures, allignées. Il a continué, sur trois lignes, puis repris son entassement. Avec François, il a de longues explications sur chaque élément, qui est singulier et riche d’histoire.

Quand nous arrivons à son travail nous appelons François qui range ses texte et images, et nous nous demandons quoi garder. Nous éliminons le tas qui, nous ne le savions pas, était une maison et ne conservons que les alignements.

À son arrivé, aujourd’hui, Kenzo est allé rechercher son travail de la dernière séance. Il n’a pas trouvé sa maison. François trouve une ruse. Il a des photos du travail de Kenzo. Kenzo s’en sert pour recommencer. On a beau savoir. Toujours à un moment ou à un autre on ne sait que faillir. La production s’intensifie. Certain se mettent à deux et relient les maisons avec des routes et des ponts. La circulation s’installe.

Un bonheur, les éducateurs se sont mis de la partie. C’était une proposition de départ. Assez appuyée. Tous, sauf un, s’y sont mis. Avec les mêmes surprises, la terre libère, confère au rêve une densité inattendue et donne de la consistance à ce que l’on a en soi et que souventr on ne croit qu’à moitié. D’autant qu’adultes et enfants sont à niveau, complices en découverte et apparition de soi.

les portraits d’enfants ci-dessous sont extraits du blog de François Bon pour l’abbaye de Fontevraud

La chouette de Jordan

« Ceux qui arrivent entrent dans un drôle d’univers : déjà près de 90 maisons de toutes formes et gabarits, pays rêvés, certaines qui deviennent de semaine en semaine des états provisoires de leur propre amplification.

Jordan a pris la terre sans trop savoir quoi en faire. Il faut aussi apprendre à se laisser aller, laisser les formes naître des mains, sans qu’on intervienne soi-même.

Alors on aplatit, et puis, comme rien ne vient, on remet tout en boule. On malaxe, on apprend cette respiration de la peau contre la terre.

Jordan repasse une troisième fois par ce point initial. Claude Ponti engage une conversation, probablement à sa façon, par questions. Jordan est crispé. Il enfonce les deux pouces dans la boule de terre, puis est tout surpris :

– On dirait une chouette.

Qu’importent les maisons, elles seront aussi peuplées d’êtres étranges, de géants et d’animaux.

Ainsi va naître, dans le monde en construction, la chouette de Jordan. »

F.Bon.

jordan_02

le titre il s’appelle
le chien lion

lionchien-1_0
au début c’est un chien
la méchante sorcière l’a transformé en lion-chien
en fait le lion il a sa crinière autour de sa tête
sauf que c’était un chien avant
on l’a appelé le lion chien
il parle
c’est un secret
c’est le secret
il parle en turc
il raconte plein de choses
très marrantes
le lion il garde la maison
si quelqu’un l’embête
il le bouffe

C’est moi qui existe la mort »

Umït

umit

 

« Une grande maison

juste une maison

on pourrait rentrer dedans

c’est une seule pièce

je vais construire dedans des petits trucs

les plus beaux du monde

ce serait la plus belle porte du monde

la plus belle assiette du monde

le plus beau bateau du monde

un bateau d’Amérique du sud

il n’y aura que ça

et les meubles

et du parterre

marron

un petit bateau

un tout petit bateau

je le fais avec des roues

et il roule

je vais conduire dedans

mon bateau il m’emmène dans le ciel

il vole

quand il ratterrit il se casse tout le temps la tête

je lui ai mis des roues pour la vie

c’est nul la mer pour lui

il ne va pas dans la mer

il vit chez moi

voler il préfère

il sait bien voler

c’est la nuit

c’est dans une ville

je vais au paradis

c’est à la mort

la mort elle sera morte

c’est moi qui décide la mort

c’est moi qui existe la mort »

Dylan le roi des rêves

dylan-reve
« C’est trop bien les cauchemars

je suis dans mon lit

il y a un scarabée qui me prend les doigts de pied

c’est un scarabée qui aime les doigts de pied

il ressemble à un mouchard

il a des grosses pinces noires

et puis moi je suis arrivé je lui casse les deux pinces

et elles repoussent

il amène toute sa bande

je me transforme en dragon

et je leur crache du feu

ils sont tout le temps vivants

ils se transforment eux aussi en dragon

et il n’y a pas de solution

j’aime bien ce cauchemar

je suis le roi des rêves »

Portrait de Kenzo

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Comment dire l’importance que semble attacher Kenzo à cette préparation de nos maisons à cuire ?

Kenzo a une compréhension très complexe, immédiate et pointue de ce que nous demandons et proposons. Chaque échange en témoigne.

Les deux heures d’atelier sont pour lui deux heures de travail intense.

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Sauf qu’à la fin, et même parfois en cours de route, il y a un gros câlin et qu’on se sentirait soudain devenu grand-père. Mais ça ne triche pas. » F.Bon
« Kenzo a consacré son temps à maîtriser les deux types d’outil. Puis à aller chercher la terre et l’installer dans le presse-ail.

Sa tablette de bois, il l’occupe en entier. Quand Kenzo raconte sa maison, nous ne savons pas forcément les mots qui correspondent à chaque élément. Mais le mot maison est présent. Ce qui est important, ce qui est décisif, c’est que Kenzo est capable de nommer et d’identifier la totalité des éléments présents sur sa tablette, même le plus petit. Même la plus petite miette d’argile qu’il a malaxée et disposée, de la taille parfois d’un grain de riz, à un endroit très précis, comme une carte.

Comment cela pourra être lisible dans le village des maisons à cuire ?

Je ne sais pas. Ce que je sais, par contre, c’est qu’à regarder à hauteur de table ce qu’a installé Kenzo, autour de la maison sans porte ni fenêtre, il s’agit vraiment d’une maison, vraiment d’un paysage.

Et je crois que nous trois (et Halia) savons que la rencontre est importante dans les deux sens : pour Kenzo, qui travaille, pour nous, qui apprenons Kenzo, sa densité, son magnifique et si intense regard, et tout son paysage intérieur. » F.Bon

Portrait de Coralie

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« Notre deuxième mercredi à Fontevraud, dans la salle voûtée qui nous est accordée, grand soleil dehors, et nous recevons à nouveau nos trois groupes du foyer Les Tourelles de Saumur. On commence à se connaître, mais bien sûr toujours un renouvellement des enfants.

Ainsi, c’est la première fois que nous recevons Coralie.

Chacun se remet au travail comme si la règle du jeu était intégrée : s’ébauche le village de terre qui, après première cuisson et émaillage, sera cuit sur place en juin et exposé tout l’été dans les jardins de l’abbaye.

Le parcours de chaque enfant dans l’atelier sera une histoire en soi. Ma tâche est de les documenter et les raconter.

Je commence par Coralie, et ce qu’elle m’a appris, que le silencieux mais actif Claudeponti (les enfants prononcent en un seul mot, normal, ils ont lu ses livres) sait à l’avance : l’argile deviendrait récit, et quel récit. »

La vie ou la mort, ne rentrez pas !

« À la proposition de bâtir sa maison, sans autre préalable, la réponse de chaque enfant est unique (à une exception près, celle des 2 soeurs Lucy et Ophélie, cf. dans le prochain billet).

Mais quelle complexité dans l’idée, au lieu de figurer une forme en relief, de désigner que cette représentation sera la maison. Le mot, si on le figure, représente forcément la chose. » F.Bon

Melissa et la roue

Et si tout commençait par la roue ?
Mélissa aplatit l’argile, puis la découpe en ruban, roule les rubans.

Alors tout va avec méthode : les rubans enroulés forment les roues. Elle pose dessus l’habitacle, puis le meuble, table, divan.

Le recouvre d’un toit… C’est sa roulotte. La maison forcément est mobile. » (F.Bon)
« Quand je l’interroge, viennent les noms des chevaux : alors il n’y aura plus qu’à les ajouter pour que le rêve commence… » F. Bon

« j’irais à la mer

avec des amis

Maeva Ilan Angel Coralie et Teddy

avec des chevaux

deux »

Caline et Roméo

« j’en ai fait quand j’étais petite

c’étaient mes deux chevaux préférés

on mange à l’intérieur

on a une table et tout

on pique-nique, on amène notre pique-nique

on s’arrête dans un petit coin

dans un petit parking où on a le droit de se garer

on a des toiles de tente

on dort là

s’il y a trop d’orage ou s’il pleut trop

on va à l’intérieur »

Morgane : Que ma chambre ça fasse un peu comme les contes de fées !
« Une grande maison

ronde

avec une porte rouge

et en forme de champignon

après je veux que le toit soit rouge aussi

que j’aie une cheminée

une grande chambre

avec un lit en baldaquin

une salle de bain à l’italienne

une vue sur la mer

mais je veux qu’il y ait les montagnes juste derrière

une cuisine avec un bar

Style loft

Je voudrais que ma chambre ça fasse un peu comme les contes de fée, avec du vert partout

je voudrais que ce soit magique aussi : ce ne serait jamais sale, je n’aurais jamais besoin de faire du ménage

après il y aurait des petites fées partout dans la maison

et puis une grande terrasse

et autour il y ait une mini forêt avec plein d’animaux dedans

qu’ils ne soient pas peureux, comme ça je pourrais aller me balader avec eux

un grand dressing aussi, je suis une fille il me faudra plein de vêtements

pour moi et un elfe super trop beau

super grande il y aurait genre un rez de chaussée et un étage dans le chapeau du champignon

je pense que c’est tout. »

Des maisons figurées, plates, dressées comme des décors...
et ensuite une roulotte, maison roulante, en volume.
une belle maison nomade fixe régulièrement
une maison explosée? une ville? une pensée métamorphique?
Atelier, tables, visions.
Parfois ensemble, à deux.
Maison vivante.
Maison rêvée et vivante. les maisons pensent, elles aussi.
Tout sert, tout construit, les mains disent.

4 Mercredi 21 Mars

Troisième mercredi avec la terre

À chaque mercredi des nouveaux enfants et des habitués. Cette fois, deux, qui étaient du groupe du matin, reviennent l’après midi poursuivre ce qu’ils ont commencé. François qui s’est fait grand-pèrisé jubile. Armelle et moi aussi. Très gros commencement d’aplattissement pour la moitié des enfants. Nous avons des sortes de marteaux en bois, qui impriment des raies profondes ou des lignes de pyramides en creux. Avec les rouleaux à pâtisserie, et le claquage de motte, aucune table ne reste en place pendant un quart d’heure au moins.

Jordan vient me voir aux deux tiers de la séance. il me montre une boule de terre déformée avec deux orbites creuses profondes. Je sais qu’il n’a pas avancé. Il a essayé de nombreuses fois tout en se persuadant qu’il ratait. Et il recommençait avec obstination.

Il me dit:

« Regarde, j’avais ma terre comme ça et j’ai enfoncé mes deux pouces dedans, je me suis dit on dirait une tête de chouette. alors je vais faire une chouette ».

Il est soulagé, content, et même ravi. Il est sorti de son ornière circulaire. Je lui dis qu’il a raison. Il s’installe en face de moi et façonne le corps de la chouette.

Je lui dis:

 » Ce qui est bien avec la terre, c’est qu’on peut tout le temps recommencer, c’est pas grave, parfois on n’est pas content, mais on peut recommencer… »

Il va répéter et répendre la bonne nouvelle pendant le reste de la séance, tout en réussissant sa chouette.

On est obligé de demander de nouvelles tables. Pour stocker les oeuvres en cours de séchage. Près de 90 « maisons » et bestioles sèchent.

Certaines maisons renferment des habitants, des meubles, des poutres et cloisons que personne ne verra plus. Les portes d’argile sont fermées parfois jusqu’à dissolution dans le mur. Je pense en regardant ces maisons, dont j’ai vu la construction, le remplissage et la fermeture, que bien des enfants qui sont ici, et des adultes, sont ainsi, pleins d’eux et du monde, fermés par des portes devenues invisibles.

Cette fois , je me suis mis dans un petit coin.

Ça donne l’occasion de visites privées et de papote. Ça pemet surtout d’être vu par tout un chacun à son gré. Je suis passé aux bestioles. Il en faut dans ce monde d’habitations merveilleuses. Deux des enfants n’arrivent pas à comprendre ni à croire qu’il et elle valent mille fois mieux que l’idée, à eux imposée, qu’ils ont fini par se faire d’eux. C’est un crève coeur et un crève séance. Est-ce qu’ils reviendront la prochaine fois?

Un autre, si inventif, narrateur enjoué, déjà plein de connaisance du monde de la terre et de la faïence, soudain de sa voix clair et menue, entendant François et son voisin parler des « pourquoi », dit: « Pourquoi mes parents me battent? » C’est sur un ton de vérité évidente et simple, sans animosité dans le questionnement absolu.

La terre est riche. De nous.

Où mettre ces maisons? La question émerge.

Ce sera une exposition de tout l’été, plusieurs mois, dans les jardin de l’abbaye. Après les enfants récupéreront leurs oeuvres.

Et tout sur internet. Accessible à tous.

Avec l’équipe de l’abbaye, on s’est mis d’accord sur le lieu de cette agglomération. Une double colline artificielle de terre avec une vallée. Si le temps le permet, de l’herbe y aura poussé d’ici la mise en place des oeuvres.

 

 

 

 

Bestiole. Mélange de comment faire, etje fais ce qui me passe par la tête.
Mélange, mixte, métisse... La vie.
Les ailes déployées et quel regard!
Fontevraud. Altelier terre. Quelque part un atelier avec un tailleur de pierre.

 

5 Mercredi 28 mars

Encore un mercredi terre.

Encore veut dire « à nouveau ». Souvent ça veut dire  » une fois de plus, et plus, recommence. Souvent, aussi, ça veut dire « oh, non, encore, la barbe ». Ici, encore veut dire : c’est différent parce que c’est dans le pareil que le même change et se renouvelle. On avance. On s’ouvre, on s’éclaire.

François Bon fait remarquer soudain le silence. On regarde les enfants, ils ont fini le martelage. Ils sont « entrant » dans la terre devant eux. Leur regard modèle, leur mains disent, leur posture fait corps avec l’objet naissant devant eux.

Un garçon, qui avait entrepris de construire une maison grand format, renonce devant l’ampleur du travail. Une petite brique de la taille d’une demi grosse boîte d’allumettes à la main, il réfléchit, regarde le bout de son mur inachevé, où cinq ou six briques diffrérentes, penchent. Soudain il s’allume. « Mais, mais, c’est comme ça qu’on fait des maisons, avec des briques… j’ai fait des briques, comme les vraies maisons. »

Comment parfois on fait des choses pleines de réalité dont on n’a pas vu la réalité qui crève les yeux. Voir, savoir, pouvoir voir, pouvoir savoir voir.

Je suis très curieux de voir l’intallation des maisons et habitations étranges et merveilleuses dans leur part des jardins de l’abbaye. Rapport d’échelle. Rapports de styles, de couleurs, de désirs, de fonction. Fontevraud, abbaye royale féminine, jusqu’à la Révolution. Prison depuis l’Empire, jusqu’au milieu du XXieme siècle).

Qu’est-ce qui poussera. Qu’est-ce qui en surgira?

Pouvoir de transfiguration des visages par la terre.
Baguette magique.
kenzo. Cette galette est une personne qui est rien.
De semaine en semaine, Ophélir bâtit.
De l'un à l'autre. Pilotis. Pont. Balançoire.penser la ville.

 

6 vernissage exposition samedi 31 Mars

Deux expositions s’offrent aux visiteurs:

Une exposition des maisons créées par les enfants pendant l’atelier qui leur est proposé tous les mercredis jusqu’en Juin.

Une exposition d’originaux de Claude Ponti et de peintures et d’oeuvres en céramique d’Armelle Benoit
L’exposition des travaux des enfants

C’est une journée de présentation au public du travail des enfants. En même temps, inauguration d’une expositions de céramiques, meubles inutiles, plaques de céramique comme des tableaux, d’Armelle Benoît. Et de dessins originaux des maisons, cabanes et habitats tirés de mes livres.

Beaucoup de monde pour visiter l’atelier de terre. Armelle et François sont en explication et répondent aux questions des adultes. Certains enfants participant à l’atelier sont là. Ils sont fiers de leur travail et des explications données. Ce qui est beau, comme le fait remarquer François, c’est ce regard des enfants visiteurs à ras des tables, ils visitent les maisons, on les voit penser en direct. Pendant ce temps je dédicace quelques livres.

Nous sommes admiratifs de la capacité de l’Abbaye à faire venir autant de monde. Beaucoup de parents sont là, avec leurs enfants.
Un tout petit peu du travail des enfants, mis en place avant l’arrivée des visiteurs.
L’exposition des oeuvres de Claude Ponti et Armelle Benoît

les « éléphants volants » de la nuit des Zéfirottes ont été réalisés par Salomé Gendron et Lukas Vilkokak . Ils planent au-dessus de la maquette de l’abbaye.
Une interprétation d’Armelle d’un projet de meuble pour enfant dessiné par Claude Ponti . Et quelques PMI(Petits Meubles Inutiles).

Armelle François et Claude parlent de l’atelier

François, Armelle et moi expliquons la nature de notre travail avec les enfants. François projette ses photos. Nous avons affaire à un public très attentif et concentré, y compris de jeunes enfants, pendant tout le temps de la séance.

Les différentes techniques de fours traditionnels:

1 les fours torchis

Ils sont constitué de colombins de terre montés les uns sur les autres et sont constitués d’un foyer alimenté au bois .Ils nécessitent un préchauffage d’une nuit.Les pièces, prélablement pré-cuites, dans des fours biscuit et émaillées sont placées à l’intérieur et cuisent à 1000 ° pendant 1 heure . Elles sont défournées à température ambiante ce qui créé un choc thermique et ensuite mises dans la sciure et enflammée pour obtenir des effets de craquelure.

 

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7 jeudi 20 Juin : on décore ( on émaille ) les habitats

Décidemment la journée est bien remplie .

après avoir construit les fours , les enfants décorent leurs créations qui seront cuite dans les fours dans la nuit du 23 Juin.

Il faut peindre soit avec
des argiles de couleur différentes diluées Sigilé
gris beige orangé

soit avec deux oxydes de métaux
un vert qui reste vert, et un rouge brun
et de la cire qui noircira à la cuisson

 

les différentes étapes de cuisson dans un four torchis :

 

 

Ils peuvent avoir des formes différentes .

Claude Ponti a dessiné quelques projets de fours pour Fontevraud .

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi 20 Juin : on décore ( on émaille ) les habitats

Décidemment la journée est bien remplie .

après avoir construit les fours , les enfants décorent  leurs créations qui seront cuite dans les fours dans la nuit du 23 Juin.

Il faut peindre soit avec
des argiles de couleur différentes diluées Sigilé
gris beige orangé

soit avec deux oxydes de métaux
un vert qui reste vert, et un rouge brun
et de la cire qui noircira à la cuisson

 

8 jeudi 20 Juin on construit les fours traditionnels

C’est un grand jour ! aujourd’hui les enfants construisent les fours traditionnels avec les céramistes !

Samedi 23 jour (et nuit) de grande fête de l’été à l’abbaye de Fonteraud ils allumeront le feu et y feront cuire certaines maisons en terre créée dans l’atelier .

Voici les étapes de fabrication des fours . le reportage est signé Claude Ponti !

1ière étape: Là les matériaux pour construire le four

7 ième étape : on met l’étage pour poser les pièces à cuire

8ième étape On continue et on prévoit la porte  pour entrer et sortir les pièces

9 ième étape : on fait la cheminée

10 ième étape : on décore le four

9 jeudi 20 Juin : on fait naitre tout un village

Naissance du village dans le jardin de l’abbaye

Après avoir fait pousser des collines en terre noire dans le jardin autour des fours , les enfants y disposent leurs créations déjà cuites et font ainsi naitre tout un village qui restera installé pendant tout l’été .

Petit à petit mis en place des pièces finies
sur les deux collines séparées par une vallée
La terre est nouare mais des fleurs, du gazon et des haricots
ont tété semés et devraient pousser… CP

 

 

10 Une nuit à l'abbaye : le 23 Juin

En lien avec son histoire, l’abbaye développe chaque année le thème de « La cité idéale ».

Le village « des maisons à cuire » modelé par les enfants du foyer des Tourelles y a trouvé évidemment sa place installée dans le jardin où collines et vallées ont été créées par les jardiniers de l’abbaye.

Avec l’arrivée des enfants , l’après midi a été consacré à l’enfournement des petites pièces dans des fours traditionnels conçus par les céramistes Virginie Couffin , Bénédicte Beaume et Julia Gérard et fabriqués avec les enfants (voir séance du 20 juin).

Les coordonnées de la céramiste Virginie Couffin et le lien avec son blog ICI
Atelier de la Boussinière
Route de Coutures
49 350 GENNES
06 26 75 16 92http://virginiecouffin.blogspot.com/
http://www.touterre.com/ceramistes/presentation-des-ceramistes/couffin-virginie

Claude Ponti est aux pinces ! sous les regard attentif des céramistes – Il faut sortir les pièces du four , on plonge les pièces dans la sciure de bois qui s’enflamme et devient braise et enfin on les plonge dans l’eau froide pour créér de chocs thermiques qui fabriquent de jolies craquelures dans la céramique. Tout se passe bien !

Jusqu’à la nuit les enfants enfournent , surveillent la cuisson , certains n’ont pas quitté le four ….

Les « fours papiers  » ont commencé leur cuisson sans ouverture autre que celle du foyer depuis le matin . Le soir du 23, une ouverture est faite par la céramiste en haut du four et une épaisse fumée commence à sortir, comme des fumerolles d’un volcan avant l’éruption. L’air entre dans le four et va faire monter la température.
Plus le jour tombe et plus la température monte , une petite flamme pointe son nez en haut, et c’est bientôt un vrai volcan qui illumine la nuit de Fontevraud .
La cuisson se poursuivra toute la nuit . Au petit matin on recueillera les pièces de céramiques au milieu des cendres du four qui se sera consumé en les cuisant .
Armelle Benoit et Claude Ponti et François Bon face à l’intensité du travail qui les a lié aux enfants des Tourelles pendant tous ces mois où ils ont rêvés leur habitat idéal . Pour tous, ce fut un voyage dans l’intimité de leurs histoires singulières, de leurs rêves , colères , hésitations et de leurs questionnements . Un village idéal qui les rassemble tous est sorti de la glaise.
Ils étaient d’ailleurs nombreux, petits et grand à partager ce moment .

François Bon nous propose un diaporama des moments intenses de la journée du 23 juin à consulter ICI

On peut voir ce village des « maisons à cuire » jusqu’à la fin septembre dans les jardins de l’abbaye de Fontevraud .

Sur ses flancs les enfants ont installé leurs créations et au fil de l’été les haricots , les fleurs et  l’herbe vont coloniser ces collines .

Avant l’arrivée des enfants Claude Ponti et françois Bon font le point avec les céramistes

Avec l’arrivée des enfants , l’après midi a été consacré à l’enfournement des petites pièces dans des fours traditionnels conçus par les céramistes Virginie Couffin , Bénédicte Beaume et Julia Gérard et fabriqués avec les enfants (voir séance du 20 juin).

Les coordonnées de la céramiste Virginie Couffin  et le lien avec son blog ICI
Atelier de la Boussinière
Route de Coutures
49 350 GENNES
06 26 75 16 92
http://virginiecouffin.blogspot.com/
http://www.touterre.com/ceramistes/presentation-des-ceramistes/couffin-virginie

Claude Ponti est aux pinces ! sous les regard attentif des céramistes – Il faut sortir les pièces du four , on plonge les pièces dans la sciure de bois qui s’enflamme et devient braise et enfin on les plonge dans l’eau froide pour créér de chocs thermiques qui fabriquent de jolies craquelures dans la céramique.  Tout se passe bien !

Jusqu’à la nuit les enfants enfournent , surveillent la cuisson , certains n’ont pas quitté le four ….

Les « fours papiers «  ont commencé leur cuisson sans ouverture autre que celle du foyer depuis le matin . Le soir du 23, une ouverture est faite par la céramiste en haut du four et une épaisse fumée commence à sortir, comme des fumerolles d’un volcan avant l’éruption. L’air entre dans le four et va faire monter la température.

Plus le jour tombe et plus la température monte , une petite flamme pointe son nez en haut, et c’est bientôt un vrai volcan qui illumine la nuit de Fontevraud .

La cuisson se poursuivra toute la nuit . Au petit matin on recueillera les pièces de céramiques au milieu des cendres du four qui se sera consumé en les cuisant .

Armelle Benoit et Claude Ponti et François Bon face à l’intensité du travail qui les a lié aux enfants des Tourelles pendant tous ces mois où ils ont rêvés leur habitat idéal . Pour tous, ce fut un voyage dans l’intimité de leurs histoires  singulières, de leurs rêves , colères , hésitations et de leurs questionnements  . Un village idéal qui les rassemble tous est sorti de la glaise.

Contact

Abbaye de Fontevraud
Abbaye de Fontevraud – BP 24 49590 Fontevraud l’Abbaye BP 24 49590 Fontevraud l’Abbaye Tél. : +33 (0)2 41 51 73 52
France