Atelier

Projet Bábili – Atelier en tandem Bamako-Berlin

Institution: Bábili (collectif artistique)/AJEF (Association de la Jeunesse pour l'Education et la Formation)

Texte de présentation

Le projet Bábili est né à Bamako, pas loin du pont qui porte en bambara le même nom. Curieusement, le nom « Bábili » n’est peu ou plus utilisé dans le langage quotidien. L’idée au coeur de ce projet est de permettre à des artistes, enseignants et éducateurs de différents horizons de se rencontrer et de développer, à partir et avec ces rencontres, des ateliers artistiques pour et avec les enfants.

Le premier atelier de Bábili se déroule de février à juin 2011, dans deux écoles :
A Berlin-Neukölln avec la Regenbogen Schule.
A Bamako-Magnambougou avec l’école associative de l’AJEF (Association de la Jeunesse pour l’Education et la Formation).

A distance, les enfants de Berlin et de Bamako apprennent à réaliser des bogolans (tissus peints avec une argile noire et liquide suivant une technique traditionnelle de teinture, mais dont les graphismes et les applications varient le long du fleuve Niger) et se rencontrent sur le tissu.
Pendant les ateliers, les enfants sont invités à appréhender leur école et leur quartier d’un nouvel oeil, mais pas pour les mêmes raisons …

En juin 2011, à l’occasion du festival « 48 Stunden Neukölln », les oeuvres issues de l’atelier sont exposées dans l’école de Berlin.


Etapes

1 Août 2010 - Première rencontre

Rencontre de Julia Trévin (Amaz Winter) et Sidiki Traoré à Bamako.

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2 Décembre 2010 - Janvier 2011 : Mise en place des ateliers

Mise en place, organisation et coordination des ateliers. A Bamako, Sidiki Traoré organise et anime les ateliers avec l’équipe de l’école associative AJEF. A Berlin, les ateliers ont lieu en partenariat avec la vie scolaire (Schulstation) de l’école européenne Regenbogen.

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3 Février-Mars 2011 : Lancement

Les ateliers sont lancés dans les deux villes.

Pour les enfants de Bamako, les ateliers furent l’occasion de découvrir et de comprendre la technique du bogolan, qui représente un artisanat très répandu au Mali et donc un métier. Cet aspect n’est pas négligeable pour des enfants venant de familles extrêmement démunies.

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4 Avril 2011 - Travail en tandem

Premier aller-retour Berlin-Bamako pour l’atelier. On échange les connaissances nécessaires sur la technique du bogolan, on achète le tissu,on parle beaucoup et on peint avec les enfants, des tissus, des tee-shirts … en un mot, le travail en tandem devient tangible.

Qu’est-ce que le Bogolan?

Le Bogolan tient son nom du Bambara, langue la plus parlée au Mali. « Bogo » signifie « boue, argile » et « lan » signifie « pédagogie ». « Bogolan » veut dire « fait d’argile » en Bambara. C’est le nom que l’on donne au tissu traditionnel en coton teinté à la main, originaire d’Afrique de l’Ouest, essentiellement du Mali. Par extension, ce nom désigne aussi la technique de teinture et de peinture ancienne pratiquée sur les rives du Niger, d’où l’on tire cette argile noire (bogo en bambara). Outre l’argile, on utilise d’autres couleurs : le galaman (jaune) et l’indigo. Sans argile, la teinture s’appellera basilan (basi=plantes).

Au-delà de la technique, les bogolans sont connus et transmis grâce aux symboles ou pictogrammes qui ont été développés. La combinaison de ces pictogrammes permet de transmettre un message, en général un aphorisme.

Dans les années 80-90, certains artistes contemporains maliens se sont réapproprié l’histoire du bogolan, en ont modernisé et diversifié la portée. Sidiki Traoré (l’artiste avec qui j’ai mis en place ce projet) fait partie de ces artistes.

Anecdotes

A Bamako

Les premières minutes, les enfants ne savent pas trop sur quel pied danser. Et puis, c’est parti. On étale les tissus au sol. On partage la terre, on distribue les pinceaux. Nous travaillons partout, dans la classe, dans la cour d’entrée, dans la rue. Près de nous, les femmes cuisinent, des artisans nous montrent comment nouer les coiffes pour les mariages. Les toiles des enfants sèchent au soleil sur la route.

A Berlin

Nous passons du temps à jouer pour mieux nous connaître. Certains enfants sont heureux d’être là et aimeraient pourtant s’échapper. D’autres ont peur de ne pas savoir dessiner. Le groupe se cherche. On parle du quartier, « le Kiez », de Berlin, parfois de la famille qui habite au Liban, en Turquie, au Maroc, en Angleterre. Tigida vient chaque semaine. Elle est née à Bamako et arrivée depuis un an à Berlin. Sans s’en rendre compte, sans forcer les choses, elle devient un peu la passeuse de culture de l’atelier.

La terre

L’essence du bogolan, c’est la terre : « bogo » en bambara. Cette argile est ramassée dans le fleuve Niger. Elle est liquide et noire. Après avoir peint avec l’argile, les tissus sèchent au soleil et puis ils sont lavés dans le fleuve. La terre séchée se détache et les dessins sont imprimés. Lorsque j’arrive à l’école de Berlin avec mon bidon de terre, les enfants sont terriblement curieux. Seulement voilà, l’argile est inhabituelle, on y trouve du bois, parfois des petits cailloux. Drôle d’expérience pour les Berlinois ! C’est sale ! Non c’est de la terre … On utilise la réserve d’eau du jardin de l’école pour laver les tissus ; Sidiki essaie une fois d’aller laver les plus grands tissus « au fleuve » de Berlin (le canal de la Spree) : il revient dépité, non, décidément, ici on ne peut pas faire comme là-bas.

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5 Mai 2011

Premiers bogolans à Berlin. Second aller-retour : séjour de Sidiki.

Les enfants de Berlin ont souvent été surpris par les retours de ce projet. Un exemple : avant mon départ pour Bamako, la directrice de l’école de Berlin m’avait donné pour les élèves bamakois, des tee-shirts blancs avec le sigle de son école. Je suis revenue de Bamako avec ces mêmes tee-shirts… mais ils avaient été teints et décorés par les enfants de Bamako pour les Berlinois, c’était un cadeau très concret et pour le moins surprenant : les tee-shirts étaient jaunes, couverts de visages, d’animaux et de prénoms!

Les enfants de Berlin n’ont pas l’habitude de cette simplicité. Ils étaient un peu déconcertés et heureux à la fois !

D’autre part, les élèves de Berlin vivent dans des structures sociales assez complexes où ils doivent se créer des repères. Dès le début de l’atelier, nous avons initié le travail sur le bogolan et l’échange avec l’école de Bamako par un travail de réflexion en groupe à partir de questions telles que : « quel est le lieu où j’habite ? », « comment je le définis ? »: jeux, dessins, peintures … la plupart des élèves ont rebondi sur leur école, leur quartier : leur Kiez à Berlin, c’est l’équivalent du carré à Bamako. Par ces questions, nous avons évité les lieux communs tels que « aider les enfants pauvres en Afrique » et permettre ainsi aux enfants de s’impliquer librement dans cet échange. Qu’ils s’approprient cet atelier d’expression artistique et cet échange avec leurs moyens et leurs mots. Cette manière d’envisager l’échange a permis à chaque élève de montrer sa sensibilité et ses fragilités ; c’était parfois difficile mais aussi important.

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6 Juin 2011 - L'exposition

Les 18 et 19 Juin, les oeuvres des enfants sont réunies pour une exposition dans le cadre du festival « 48 Stunden Neukölln ».

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7 Juillet - Décembre 2011 : Consolider les partenariats

Bábili poursuit sa route. Après réflexion et une consolidation des liens avec l’école de l’AJEF, il s’agit de travailler depuis Berlin à la mise en place de partenariats pour soutenir l’école de Bamako, dont la structure associative est encore fragile.

8 Mars - Septembre 2012 : Soutien de la fondation Fair Childhood/Kinder ohne Arbeit

Demande de soutien pour l’école de l’Ajef, accord et soutien financier de la fondation Fair Childhood / Bildung statt Kinderarbeit.

9 Octobre 2012 - Valorisation et partage

Mise en valeur du travail artistique des enfants, recherche d’espaces d’exposition Berlin pour les bogolans réalisés par Sidiki, et réflexion sur une mise en relation avec d’autres projets artistiques à Berlin (prise de contact avec le « Erde Forum »/Forum de la Terre).

Contact

Amaz Winter
Professeur/Artiste
amazwinter@gmail.com

AJEF (Association de la Jeunesse pour l’Education et la Formation)

rue 259, porte 157, Magnambougou

Bamako

Mali

ajefmali@yahoo.fr

Samah Traoré pour l’AJEF: samson05@hotmail.fr