Barcilon-ok Interview de Marianne Barcilon

– Comment êtes-vous venue à l’illustration ? Est-ce une passion de toujours ou le hasard de la vie ?

Une passion de toujours, j’ai toujours aimé dessiner depuis toute petite. C’est aussi le hasard de la vie par le bonheur d’une rencontre qui a fait que ça a pu devenir mon métier.

– Quels sont les critères immédiats qui vous font accepter ou refuser d’illustrer un livre pour enfant ?

Il faut que je m’amuse et que ça me fasse plaisir.

– Quelles sont les techniques graphiques que vous privilégiez ?

L’aquarelle et le crayon.

– Y a-t-il des choses que vous ne pourriez absolument pas illustrer ?

Je ne peux pas illustrer un texte trop triste ou trop cucul la praline ou trop moralisateur ou donneur de leçon.

– Travaillez-vous en étroite collaboration avec l’auteur du texte que vous illustrez ?

Non, nous travaillons chacune de notre côté dans des villes différentes, mais il nous arrive de voir ensemble des points précis de ses textes.

– À quoi pensez-vous d’abord lorsque vous illustrez un livre pour enfant ?

Aux enfants pour qui je fais ce livre, évidemment.

– Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Comment êtes-vous venue au livre pour enfants ?

Après avoir fait 5 années d’étude aux Beaux arts, je me suis dit que c’était merveilleux, mais que je ne trouverais jamais un métier qui me fasse manger avec des études pareilles… J’ai alors passé le concours de l’École des métiers de l’image pour apprendre le dessin animé… Ça me paraissait plus concret ou du moins plus « transformable » en métier… Puis en sortant de là, j’ai été embauchée chez Buf Compagnie comme assistante de production. Je travaillais comme une dingue et je n’avais plus une minute pour dessiner… Je n’avais que le temps du trajet en métro pour dessiner les autres gens qui partaient ou rentraient eux aussi du boulot. Ça n’avait rien à voir avec ce que j’aimais, mais je m’amusais bien, mes collègues étaient super, je gagnais bien ma vie, mais je me demandais quand même à peu près tous les jours ce que je faisais là… Au bout de 5 ans, j’ai quitté cette boîte et cet univers de publicitaires avec une “terrible” envie de faire des livres pour les enfants et purée !… Quand j’y pense, qu’est ce que je suis contente d’avoir pris cette décision !

– Y a-t-il des personnes ou des personnages qui vous ont donné envie d’écrire/d’illustrer ?

Oui probablement, il y a eu tous ceux qui ont construit mon univers imaginaire de petite fille : Maurice Sendak, Tommy Ungerer, Benjamin Rabier, Talus Taylor, les Muppet Show, Fifi Brindacier, le petit Nicolas, Beatrix Potter, Richard Scarry, Oswaldo Calendoni, Winsor MacCay… et sûrement plein d’autres dont j’ai oublié les noms…

Puis plus tard, il y a eu entre autres, Lisbeth Zwerger, Gabrielle Vincent, Hayao Miyasaki…

– Pouvez-vous nous donner quelques réactions de lecteurs qui vous

ont étonné ?

Une maman m’a raconté à la sortie de Un petit frère pour Nina que son fils aîné avait arrêté de lui donner des coups sur le ventre alors qu’elle était enceinte de son deuxième enfant, lorsqu’il avait lu ce livre et qu’à la place, il tapait le livre de toutes ses forces.

– Que redoutiez-vous le plus lorsque vous étiez petite ?

La mort, les maladies, les volcans, les serpents, la sorcière de Blanche neige, Elisabète la dame qui s’occupait de la cantine de l’école, les cours de gym de Monsieur Massacry…

– Qu’avez-vous conservé de votre enfance ?

Ma taille de souris, le plaisir de dessiner, mes personnages en plastique du Muppet Show qui sont maintenant dans ma salle de bains…

Ben… Presque tout en fait, à part que j’ai grandi, puis vieilli bien sûr, mais au fond, je ne me sens pas très différente de la petite fille que j’ai été.

– Quel est le sentiment qui vous habite le plus souvent ?

L’amour et l’inquiétude.

– Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

Avoir carte blanche pour participer à l’imaginaire des enfants.

Créer des personnages que j’aime.

Organiser mon temps comme ça m’arrange.

– Qu’aimez-vous le moins ?

Rien, c’est un métier extraordinaire, je fais exactement ce que j’aime, je dessine toute la journée, j’adore ça, je travaille avec des gens formidables. J’aime vraiment tout dans mon métier à part le fait que ce n’est pas un métier qui rende très riche.

La Tétine de Nina, De Christine Naumann-Villemin, illustré par Marianne Barcilon

dans Kaléidoscope d’histoires, Éditions Kaléidoscope, 25€

la tetine de nina