Les commentaires de René Baldy

René Baldy, professeur honoraire des Universités en Psychologie du Développement, Université Paul Valéry de Montpellier, a étudié le développement psychologique de l’enfant à partir de l’évolution du dessin. Il est parrain du Muz et offre dans l’espace « Etudes » du Muz  aux visiteurs un voyage au pays des bonshommes : L’évolution du bonhomme chez l’enfant 

Il propose son regard sur plusieurs oeuvres de l’exposition « Ta chambre comme une île »

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Arsène annonce d’emblée la couleur : « c’est une île spéciale flemmardemant ». Les premiers éléments qui sautent aux yeux le montrent : deux palmiers qui ne sont pas là par hasard puisqu’ils servent à accrocher le hamac. Je note le soin avec lequel Arsène à dessiner les palmiers : ils portent des noix de coco et surtout les zigzags nous laissent imaginer toutes les irrégularités de leur tronc. Même s’il envisage de flemmarder, Arsène a tout de même apporté un bureau sur son île. Peut-être envisage-t-il aussi de télé-travailler un peu ? Mais quel est cet objet flottant au premier plan ? Je l’interprète comme un lit-bateau… Il serait bienvenu sur une chambre-île…

 

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« C’est une île paisible où les gens pourront être certains de s’y détendre » nous dit Capucine. Elle ne compte donc pas y vivre toute seule. Elle a l’intention de recevoir de la visite (après le confinement bien sûr).  Tout est là pour que la détente soit parfaite : la plage de sable fin, le soleil, le ciel bleu, les petits oiseaux, la musique… Et bien sûr les deux palmiers pour accrocher le hamac. On pourra même faire du bateau. Manifestement Capucine se laisse emporter par son rêve loin très loin de la chambre où elle est confinée et n’a pas emmené sur son île le matériel nécessaire pour télé-travailler…

 

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Chaan n’a manifestement pas l’intention de rester confiné dans SA chambre. Ce à quoi il rêve lui c’est carrément à une « maisonnîle ». Comme ça, il peut emmener toute la famille. C’est rassurant quand on a 6 ans. Pour être honnête, moi je voyais dans le dessin de Chaan une « éléphantile » avec une longue trompe-escalier qui pourrait permettre de descendre au bord de l’eau pour se baigner. D’autant plus que le ciel est tout bleu et que le soleil brille : autant en profiter.

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Je pressens que, malgré le confinement, Chloé se sent très bien dans sa chambre. Elle rêve même d’une chambre secrète cachée dans un arbre. Regardons cette chambre de plus près : tout y est, même si l’on se perd un peu dans les points de vue. Je distingue le lit-bateau (!) avec ses tiroirs, le bureau, l’armoire à glace, les étagères et un piano. Le nécessaire pour travailler et se distraire. Mais attention cette chambre secrète est reliée au monde par un escalier qui descend de la fenêtre jusqu’au sol. Peut-être que Chloé découvrira-t-elle la plage au bas de l’escalier…

 

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Julie a interprété de façon très personnelle la proposition de Claude Ponti, « dessine ta chambre comme une île » en dessinant « Monîlelivre ». Son dessin est simple mais plein de trouvailles originales. Regardez la lampe-soleil accrochée au plafond à moins que ce ne soit au ciel, les oiseaux qui volent dans le ciel et qui rappellent ceux de Folon, les branches du palmier multicolores. Et Julie nous accueille à bras ouverts et avec le sourire sur son lit-bateau décoré de poissons. J’ai aussi le sentiment que Julie aime beaucoup le rose.

 

Léo

Dans sa chambre-île, Léo a tout ce qu’il faut pour passer un bon confinement. Il donne la liste de tout ce qu’il a emmené. Et effectivement tout est dans le dessin. Il me semble que Léo a dessiné un chambre avec une mezzanine. Au sol : le littrampoline et des étagères pleines de livres et sur la mezzanine : le bureau, la chaise et le sac des courses. Mais le rêve de l’île est entré dans la chambre de façon très originale : un palmier et des échelles permettent de relier les deux niveaux de la chambre. Un coffre de pirate et même le dessus de lit qui fait des vagues font de la chambre de Léo une véritable chambre-île.

 

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Lou n’a que cinq ans mais elle a réalisé un dessin très bien organisé. Sur son île, elle n’a pas besoin de grand-chose. Surtout que les deux mamans ne sont pas loin dans leur barque. C’est rassurant quand on n’a que cinq ans. Elle a tout de même dessiner deux palmiers pour accrocher le hamac. Il sera bien utile pour se reposer quand on aura fini de pêcher. Car tout le monde pêche. Je crois que Lou compte sur le poisson pêché pour manger ce soir… Avez-vous remarqué que le soleil, les mamans et Lou on le même visage : deux points pour les yeux, un trait incurvé vers le haut pour le sourire et pas de nez… Comme sur certains émoticônes !

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Alors là ! Margot bravo ! D’habitude l’île à laquelle on rêve est sous le soleil et le ciel bleu avec des petits oiseaux. Dans ton dessin elle est sous un ciel constellé d’étoiles et illuminée par un véritable feu d’artifice d’étoiles filantes. C’est vraiment une idée très originale ! Mais ce n’est pas ta chambre que tu veux amener sur une île c’est tout ton quartier : la maison, la bibliothèque, la salle de jeu, le toboggan… Je vois deux personnages sur ton île : qui as-tu amené avec toi ?

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Voilà l’île sur laquelle Pénélope sera super tranquille à la fin du confinement. Elle a pensé à tout : la plage de sable fin (jaune), le soleil, les petits oiseaux dans le ciel bleu et deux palmiers très utiles pour accrocher le hamac. La falaise de l’île est un peu abrupte et Pénélope éprouve quelques difficultés pour se tenir bien droite (c’est un peu comme la cheminée qui penche sur la pente du toit de la maison). Qu’a-t-elle emmené de sa chambre ? Je vois une guitare, une poussette, un lit… Manifestement Pénélope n’a pas l’intention de travailler sur son île…