1. Pablo, 7 ans

(Texte de la maman de Pablo)

Dans l’exposition que lui consacre le Muz, vous pourrez voir des dessins originaux ainsi que des gravures réalisées par Bernard Miral à partir des dessins de Pablo. Cette rencontre entre Bernard Miral, artiste graveur, et Pablo, jeune artiste autiste né en 2006 a fait l’objet d’une exposition à Toulouse au mois d’avril 2015. Pour reproduire ses dessins, Bernard Miral a utilisé les différentes techniques de l’estampe (linogravure, eau forte sur zinc, monotype…) créant de véritables œuvres d’art. Bernard Miral a choisi les supports (lino, rhodoïd, zinc ou terre) ou les techniques (taille d’épargne, taille douce directe ou à l’eau forte, monotype) qui lui semblaient les mieux adaptés pour valoriser les dessins de Pablo, tout en veillant à respecter scrupuleusement le travail du jeune artiste.

A 4 ans, alors qu’il ne parlait toujours pas, Pablo a commencé à dessiner, tout d’abord avec son doigt dans le sable. C’est devenu son moyen d’expression privilégié et depuis pas un jour ne passe sans qu’il dessine. Ses joies, ses peines, ses colères, ses envies …..  sont dans ses graphismes. Pablo est un artiste, qui possède de façon totalement innée l’art du dessin. Sans jamais prendre de cours, il a développé un talent singulier. Il s’inspire autant des dessinateurs de l’école belge de bande dessinée que des comics américains. Dans son univers graphique, on retrouve essentiellement des thèmes historiques et scientifiques toujours traités avec humour. On trouve également un sens aiguisé de la perspective dans ses représentations de paysages urbains et de grands monuments. Pablo dessine toujours en sélectionnant un thème, un motif, un objet, une page d’un livre et a quasiment toujours recours au même procédé, le tracé, le contour. Les dessins en couleur sont assez rares dans sa production dense et surprenante.

A tout juste 9 ans, Pablo possède un style graphique qui lui est propre, un sens de la composition et a une véritable signature artistique.  Le dessin est son « langage » premier, celui qui précède à la parole, celui aussi qui lui demande le moins d’effort, qui est spontané. Pablo est autiste, il pense en images, et quand il dessine, Pablo tout simplement, communique. Il nous donne à voir sa compréhension des choses, de sa réalité souvent peuplée d’êtres et de situations fictifs. Il n’y a pas à se poser la question existentielle de l’origine du tracé chez Pablo. La main est un moyen, le prolongement de ses yeux et de son univers mental. Il n’est pas de tracé qui soit longuement réfléchi chez lui. Son geste est toujours spontané, vif, précis. Il ne se laisse pas le droit à l’erreur, car c’est tronquer en quelque sorte sa parole graphique. Quand il dévie de son tracé, son trait se fait rageur pour effacer toute trace de cette erreur. Se tromper lui est insupportable, comme pour tout artiste : c’est une question quasi vitale.

Si être autiste, c’est « être dans son monde » ou encore « dans sa bulle »,

Pablo est dans un monde bien réel et dans une bulle qui a la taille du monde.

Il nous montre qu’il en est pleinement conscient.