Gérard Pourret

janvier 11, 1914 8:36 Publié par

ien ne prédestinait Gérard Pourret à devenir éditeur. Docteur en droit, il décide un jour de se consacrer pleinement à sa passion pour les livres et de trouver une réponse à son interrogation de toujours : comment faire rentrer en littérature, « la parfaite innocence, la joie spontanée » ? Après un cursus Edition à l’EMI/CFD, Gérard Pourret crée en 2007 les éditions MOUCK, maison d’édition que nous attendions tous, qui s’intéresse aux écrits d’auteurs jusque là mis à l’écart : les enfants et les jeunes. En plus de donner leur chance à de nouveaux talents, MOUCK édite des œuvres de jeunesse d’auteurs illustres. Une manière d’établir très tôt une complicité d’âge avec Rimbaud, Zola ou Hugo !

« Créer une maison d’édition est avant tout une démarche personnelle, singulière, raconte Gérard Pourret. Moi, au départ, j’avais la volonté très nette de publier des textes écrits par des enfants. J’ai toujours admiré le travail des enfants. Le déclic c’est fait lors de la lecture d’un ouvrage intitulé « Ecrire au collège » édité par le Centre Régional de Documentation Pédagogique de Lyon. J’y ai trouvé un double poème intitulé « Les mémés ». Dans la version écrite par un enfant de 8 ans les fautes étaient nombreuses. Mais peu importait car le poème était magnifique. Les fautes n’ont rien à voir avec le style et ne sont certainement incompatibles avec l’ « écrire bien » ! Il y a avait là quelque chose issu de la poésie qui m’émut immédiatement. La version corrigée par la maitresse était insupportable : censurée, changée, dénaturée. Je voulais rendre hommage à cette création littéraire unique propre à l’enfant. »

Les éditions MOUCK, ont imaginé 5 collections qui éclairent, chacune à leur manière, la créativité littéraire et artistique de l’enfant.

– Juvénilia : pour faire découvrir les écrits de jeunesse d’auteurs célèbres. Certains d’entre eux sont illustrés par des enfants. Juvénilia, c’est la volonté de donner à tous l’envie d’écrire comme les grands écrivains!

– Mutins : pour que dans le paysage littéraire, les enfants aient leur place. Parce qu’ils ont un univers, une manière de voir le monde bien à eux et tout aussi intéressante que celle des adultes. Que la qualité littéraire de certains d’entre eux n’a rien à envier aux grands.

– Trouvailles : qui déniche des trésors de la littérature enfantines, comme cet incroyable « Mon cochon va à l’école », extrait du journal d’Opal Whiteley écrit à l’âge de… 6 ans !

– Mouckins : des histoires racontées par des grands (souvent célèbres et anciens), choisies pour leur originalité, leur rareté (très peu publiées) et dont la modernité est révélée par des illustrations d’auteurs actuels.

– Hors Collection : réservé aux œuvres «  à part » signées de jeunes auteurs comme Napoléon Bonaparte qui, à 19 ans, écrivit un conte : « Le Masque prophète »

Etre édité, ce n’est pas rien ! Comme tout éditeur, MOUCK reçoit de nombreux manuscrits. Mais tous ne seront pas publiés. « Ce n’est pas parce que ce sont des enfants, que nous devons revoir nos critères d’exigence et tout accepter au nom d’un principe erroné qui consiste à croire que tout ce qui vient de l’enfance est bon ! Ce n’est pas rendre service aux enfants de tout accepter. Lorsque j’ai un coup de cœur pour une histoire, un style, je procède avec l’enfant comme je le ferais avec n’importe quel auteur adulte : un travail d’équipe se met en route, avec ses étapes de corrections, de composition, de choix de format d’illustrations, travail dont l’enfant n’est jamais exclu. » (cf. l’histoire Les Fêlées et de sa jeune auteure, Juliette, sur le site de MOUCK.

« J’aime que la parole des enfants soit libre, pas toujours redressée » nous confie Gérard Pourret. Les fautes vont avec la structure poétique des phrases.  Dans la collection Juvénilia qui édite des livres de jeunesse d’auteurs illustres, j’ai par exemple fait le choix de laisser les fautes du jeune Gustave Flaubert, corrigées à la fin de l’album. Cela participe à décomplexer les jeunes auteurs, et surtout, je me suis aperçu que si on commençait à toucher cet aspect du texte, tout bougeait ! En revanche lorsqu’une structure de phrase me pose problème, j’interroge l’enfant pour qu’ensemble nous trouvions (ou pas !) une solution. Mais jamais je ne me lance seul dans un travail de réécriture ! Même si mon choix d’éditeur se porte sur quelques manuscrits, tous suscitent mon admiration. Car envoyer un texte personnel est une marque de courage. Je prends donc soin de répondre à chacun, de manière individuelle. Et comme je prends l’envoi d’un manuscrit comme une preuve de confiance, je n’hésite pas à donner quelques conseils au passage. Les petites choses à travailler, à creuser. Surtout, ne pas décourager l’enfant et lui donner l’envie, toujours, d’écrire. »

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