
L’élan créateur : de la beauté dans la création des enfants
4 salles
La quête de l'authentique et de la vérité
Depuis que l'enfant voit le jour, il cherche à définir les choses. Cette tentative commence avec la première personne qu'il voit: la mère ou en tout cas la figure maternelle et matricielle. Bernard Golse parle de la rencontre avec la figure maternelle: "Quelle que soit la mère le bébé sera ébloui par ce visage humain, il va tout de suite être saisit d'une interrogation entre le dedans et le dehors de l'objet, entre le paraître et l'être". Il cherche la limite de ce qu'il voit et essaye d'en saisir la véritable essence. C'est ce qu'on voit dans "l'âme du Joujou de Baudelaire", l'enfant brise le jouet pour en trouver l'âme, l'authenticité, la vérité et les limites. La vérité et le beau sont souvent associés notamment dans la philosophie. Elle est associée à la raison, l'ordre, le géométrique. Les enfants cherchent ce beau, ce juste et cette authentique: l'âme des choses dans leur création, saisir le monde dans son entier.
Le beau est toujours bizarre
"Le beau est toujours bizarre" disait Baudelaire. Cette formule nous amène à considérer l'étonnement face au beau mais aussi l'incompréhension et même sa proximité avec le laid. Les enfants adorent représenter le bizarre, l'étrange, les formes biscornues sans contours et limites et ce, dès le plus jeune âge. Les chimères et autres petits monstres mi homme-mi-animaux jouent avec les frontières, l'imaginaire de l'enfant tend à cerner ces limites du monde et jouer avec elles.
Le beau : une émotion esthétique
Le beau est aussi une émotion y compris dans l'expression et les oeuvres des enfants. C'est un moyen d'expression, une manière d'incarner l'inexprimable qui complète le langage. "Si tout ce qui est beau n'est pas art et tout ce qui est art n'est pas beau" comme le dit Michèle Petit, il faut reconnaître que l'art et le beau sont étroitement liés. Mais peut-être pas le beau au sens de la symétrie, de l'ordonné, ce beau ennuyeux et sans âme, il s'agit davantage d'un beau farfelu, tordu, étrange qui exprime des émotions. Ce beau qui exprime la fascination de l'enfant face à un détail du monde, la curiosité pour des petits phénomènes. Les cinq sens sont en éveil chez l'enfant: le goût, l'odorat, l'ouïe, le touché, la vue. Ce qu'ont pu chercher les artistes naïfs parfois avec des préjugés. Paul Klee disait : "l'art rend visible" il permet de redécouvrir la beauté du monde. La tristesse, la peur sont des forces également créatrice. Il peut aussi s'agir de l'émotion ressentie face au beau, à la création d'un autre, d'un artiste qui nous parle: musique, peinture ou toute forme de création évoque des émotions aux enfants, qu'ils expriment à travers leurs œuvres.
Le beau : exprimer la vie dans un élan
Dans l’Evolution Créatrice, Bergson affirme que lorsque l’élan vital se sublime, il peut susciter les jaillissements créateurs qui sont à l’origine des grandes créations, spitituelles et morales, et du mysticisme lui-même. Plus qu'une émotion, l'enfant comme l'adulte, l'Homme en résumé exprime un élan vital. C'est peut-être bien cet élan qui fait la beauté du geste, la beauté de la création. A travers nos collections issues de diverses régions du monde, nous découvrons ce même élan, ce désir d'harmonie, cette célébration de la vie dans les créations des enfants. "L'art c'est la vie" disait Kaprow, cet adage pourrait s'appliquer parfaitement aux œuvres des enfants qui semblent affirmer que la vie c'est de l'art. Le beau c'est la vie. La vie ponctuée de joie et de peine, d'amour, de haine mais surtout de découvertes. Tout est matière à créer. L'imaginaire de l'enfant invente des mondes sans cesse, c'est un élan vital.